L’Ancien Éphrem de Katounakia (6/12/1912 – 27/2/1998) – (9) Paroles sur la Grâce divine

La Grâce divine est une, mais elle se manifeste à la mesure de chacun, elle agit, elle se laisse voir. Oui, on la voit ! Comme on tressaille intérieurement quand on la voit, quand on sent cette Grâce divine ! « J’ai dit : vous êtes des dieux, et tous des fils du Très Haut » (Ps 81,6). Encore…

Cette même Grâce divine a fait que Motovilov, le disciple de saint Séraphim de Sarov, n’a pas pu regarder le visage du saint en raison de l’excès de son éclat. Laissez-moi mentionner quelque chose d’autre : pourquoi les fils d’Israël n’ont-ils pas pu regarder en face, fixer le visage de Moïse le prophète quand il redescendit du mont Sinaï en portant les deux tables de la Loi gravées par le doigt de Dieu, au point que le prophète fut obligé de couvrir son visage d’un voile ? (cf. Ex 34,33).

Lorsque tu approches un homme spirituel, tu en tires un profit. Tu reçois.

C’est-à-dire que la Grâce se transmet. Au moyen de la prière, et à distance, la Grâce se transmet. Même si ma prière n’est pas bonne, l’Ancien prie pour moi ici-bas. C’est ainsi que je le ressens.

Combien, mais combien est doux le Seigneur Jésus ! Il n’est que joie, amour, paix, sérénité, allégresse, tressaillement. Mais qu’il est doux Jésus !

La Grâce est maintenue grâce à l’humilité, et l’action de grâces envers Dieu. L’humilité, c’est : « Je ne mérite plus d’être appelé ton fils, traite-moi comme l’un de tes journaliers » (Le 15,19).

Il est affligeant que nous ignorions le grand trésor que nous avons reçu lors du baptême : l’adoption filiale, que nous portons, selon l’Apôtre, « dans des vases d’argiles » (2 Co 4,7). C’est pour cela que nous sommes facilement nonchalants, facilement indifférents et méprisants, en un mot que nous chutons facilement. Bienheureux celui qui meurt avec la Grâce qu’il a acquise lors de son baptême. Encore plus heureux est celui qui l’a accrue au cours de son existence, l’a développée, puis s’est endormi dans le Seigneur.

Alors qu’il célébrait un jour la Liturgie, lors de la bénédiction : « Paix à tous », il se prit à penser, embarrassé : « Moi je reçois la Grâce par l’intermédiaire de l’Ancien, alors comment puis-je le bénir maintenant ? » Il entendit alors une voix venant de son étole et disant : « C’est moi qui bénis. » Il comprit alors que c’est l’Esprit Saint qui bénit, à travers le célébrant.

Sources : Texte condensé et complété, traduit de l’ouvrage : « L’ancien Joseph l’Hésychaste » du Père Joseph de Vatopaidi (†2009), éditions du Monastère de Vatopaidi (en Grec) et extraits condensés de la traduction intégrale d’Yvan Koenig, dans la collection « Épiphanie – Tradition orthodoxe – Grands spirituels orthodoxes du XXème siècle » dirigée par Jean-C1aude Larchet, aux Éditions du Cerf, Paris 2002