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La Création (2)

28 Φεβρουαρίου 2010

La Création (2)

La création est donc un acte libre, un acte gratuit de Dieu. Elle ne répond à aucune nécessité de l’être divin. Même les motivations morales qu’on lui donne parfois sont platitudes sans importance : le Dieu-Trinité est plénitude d’amour, il n’a pas besoin d’un autre pour épancher son amour puisque l’autre est déjà en lui, dans la circumincession des hypostases. Dieu est donc créateur parce qu’il a voulu l’être : le nom de créateur est secondaire par rapport aux trois noms de la Trinité. Dieu est éternellement Trinité, il n’est pas éternellement créateur comme l’a cru Origène qui, prisonnier des conceptions cycliques de l’Antiquité, le mettait ainsi dans la dépendance de la créature. Si l’idée de création comme acte entièrement libre nous gêne, c’est que notre pensée viciée par le péché identifie la liberté et l’arbitraire ; Dieu nous apparaît alors comme un tyran fantaisiste. Mais si, pour nous, la liberté, quand elle n’adhère pas aux lois de la création (à l’intérieur de laquelle nous nous trouvons), est un arbitraire mauvais qui désagrège l’être, pour Dieu, qui transcende la création, la liberté est infiniment bonne : elle suscite l’être. Dans la création en effet, nous reconnaissons l’ordre, la finalité, l’amour, tout le contraire de l’arbitraire. Les qualités de Dieu, qui n’ont rien à faire avec notre pseudo-liberté désordonnée, s’y manifestent. L’être même de Dieu se reflète en la créature et l’appelle à participer à sa divinité. Cet appel et la possibilité d’y répondre constituent pour ceux qui se trouvent à l’intérieur de la création la seule justification de celle-ci.  Ancore…

La création ex-nihilo est l’œuvre de la volonté de Dieu. C’est pourquoi saint Jean Damascène l’oppose à la génération du Verbe : « Puisque la génération, dit-il, est une œuvre de nature et procède de la substance même de Dieu, il faut nécessairement qu’elle soit sans commencement et éternelle, sinon l’engendrement subirait un changement, il y aurait Dieu antérieur et Dieu postérieur ; Dieu s’accroîtrait. Quant à la création, elle est l’œuvre de la volonté de Dieu, donc elle n’est pas coéternelle à Dieu. Car il ne se peut que ce qui est amené du néant à l’être soit coéternel à ce qui existe sans origine et toujours. » Cette œuvre est contingente : Dieu aurait pu ne pas créer. Mais contingente par rapport à l’être même de la Trinité, elle impose aux êtres créés une nécessité d’exister, et d’exister à jamais : contingente pour Dieu, la création est nécessaire pour elle-même, car Dieu, librement, fait de l’être créé ce qu’il doit être.

Ainsi nous apparaît le sens positif de la gratuité divine. C’est, pour parler analogiquement (mais cette analogie constitue le sens même de la création), la gratuité du poète. « Poète du ciel et de la terre » pourrait-on nommer Dieu en traduisant mot à mot le texte grec du Credo. Ainsi pouvons-nous pénétrer le mystère de l’être créé : créer ce n’est pas se refléter dans un miroir, fût-il celui de la matière première, ce n’est pas se diviser vainement pour tout ramener à soi-même, c’est faire surgir du nouveau, on pourrait presque dire : risquer du nouveau. Lorsque Dieu suscite hors de lui-même un sujet nouveau, un sujet libre, c’est l’apogée de son acte créateur : la liberté divine s’accomplit en créant ce risque suprême : une autre liberté.

Sources: Textes extraits du périodique « La Vie Spirituelle », éditions du Cerf, Novembre-décembre 1987. 67e année. N° 677. Tome 141 Icônes de Léonide A. Ouspensky et du Moine Grégoire Krug, amis de V. L., extraites de l’ouvrage “L’iconographie de l’église des Trois Saints Hiérarques”, Paris 2001.