Étapes de la vie spirituelle (3)

Le Monastère a été fondé avec une conscience dogmatique orthodoxe

Je parlerai d’abord de trois personnes : du Père Kyrill, du Père Syméon et de moi ; nous avions cette vision dogmatique pour entreprendre de fonder un Monastère. Le Monastère n’a pas été fondé comme ça, en l’air, “avos” (à l’aventure), comme disent les Russes, non, mais avec cette vision qui, assimilée par la grâce, devient le contenu de notre vie. Et maintenant je peux, j’ose vous recommander d’étudier cette suite, comme le Père Syméon l’a présentée dans ce livre. Je vous dirai que quatre de mes frères et de mes sœurs ici présents m’ont dit qu’ils étaient très contents d’avoir entendu la lecture de cet article au réfectoire. J’ajouterai encore ceci. Quand Sœur Z. m’a demandé quelque chose au sujet du travail qu’elle fait maintenant, la conversation a dévié et elle m’a dit qu’elle avait lu cet article. Je lui ai dit : « Sœur Z., je sais que vous êtes très intelligente, mais, à vrai dire, je n’avais pas jamais eu le sentiment que vous étiez une intellectuelle. » Et quelle fut sa réponse ? « Mais il n’est pas nécessaire d’être une intellectuelle, c’est tellement concret, les choses sont présentées d’une manière tellement claire ! » [Il rit] Voilà, Sœur Z., en présence des autres [il rit] j’ai dévoilé votre refus d’être considérée comme une intellectuelle et votre capacité d’appréhender la doctrine dogmatique, – très difficile, au fond. Très difficile. Mais je ne parlerai pas de cela maintenant. Encore…

Il faut faire des efforts pour assimiler notre doctrine

Pourquoi suis-je tellement reconnaissant à Dieu de pouvoir parler maintenant avec vous à ce sujet ? Parce que les deux dernières années, presque deux ans et demi, je me suis bien souvent senti comme une “édition épuisée” ; et voilà que Dieu m’a gardé jusqu’à aujourd’hui pour vous dire cette parole, qui est extrêmement grave, et je prie le Seigneur qu’il vous donne vraiment sa grâce pour porter en vous cette vision globale et pour que vous puissiez vous-mêmes bâtir et guider.

Je ne dis pas que à partir d’aujourd’hui vous allez abandonner notre Higoumène, le Père Syméon, le Père Zacharias, et les autres Pères…Mais vous commencez maintenant à avoir une vision des âges de la vie spirituelle. Et voilà … c’était mon désir d’en parler. Je le considère comme très important, parce que ni le Père Kyrill, ni le Père Syméon, ni moi, ni les autres n’avions pour commencer, comment dirai-je, une conscience dogmatique sous cette forme-là. Mais dans la vie se crée une sensibilité spirituelle, et, d’une manière invisible et sans forme, cette vision devient présente dans notre être et tout ce que nous faisons, nous le faisons avec cette conscience. Au commencement de la Deuxième partie (“Des Fondements de l’Ascèse orthodoxe”, p. 59), je dis que chaque religion, chaque confession, chacune des cultures humaines commence ou existe avec sa propre doctrine. Eh bien ! Voilà : notre doctrine doit être assimilée par un effort constant, par un effort inspiré. Et une fois que nous avons acquis cette vision, la vie ascétique continue déjà sous une autre forme.

Source: Homélie du Père Sophrony en français, le 20 janvier 1989, au bureau du Monastère Saint Jean-Baptiste, «À la base de notre monastère il y a une conscience dogmatique orthodoxe».